C'est dans la plus grande anarchie que les hommes de la
deuxième moitié du XIXe découvrit les propriétés fabuleuse de ce liquide connu
pourtant depuis l'Antiquité. On découvrit que par une simple distillation, une ressource
naturelle abondante et facile à extraire se transformait sans déchet en un lubrifiant et
un carburant d'éclairage bien supérieurs à ceux existant jusque là et beaucoup moins
cher.
Seule la ruée vers l'or la plus débridée peuvt se comparer à l'incroyable boom dont
les régions pétrolifères furent immédiatement l'objet. Mais la concurrence anarchique
des premiers temps fit peu à peu place à une organisation rigoureuse, au fur et à
mesure qu'une compagnie mystérieuse dévorait raffineur après raffineur, pipeline après
transporteur et intégrait la totalité de l'industrie dans une machine sans friction.
L'époque était à la concentration industrielle, et le pétrole n'y fit pas exception.
Sous la direction ferme et inflexible de John D. Rockfeller, l'omniprésente Standard Oil
engloutit peu à peu tou l'industrie du pétrole jusqu'à contrôler, en 1900, 90% de la
production de pétrole raffiné aux USA.
La résistance face à cette "conspiration contre le commerce" fut aussi
vigoureuse que désordonnée, les producteurs indépendant invoquant l'individualisme
laissez-fairiste, alors que la Standard Oil parlait de "réduire le gaspillage et la
concurrence effrenée qui ne pouvait que nuire aux intérêts des producteurs". Peu
à peu la résistance s'organisa pour résister à l'étranglement. Mais les hommes du
pétrole n'étaient pas fait pour l'action conjuguée de longue haleine nécessaire pour
venir à bout de la conspiration de la Standard Oil. Les procès s'enchainèrent les uns
aux autres pendant 40 ans, jusqu'à ce que le public soit convaincu qu'il n'avait pas
affaire à des bandits de grand chemin de leur temps mais au destin lui-même. Ca n'est
qu'en qu'en 1911 que la dissolution effective de cet "Anaconda" qui étranglait
l'industrie réussit finalement. Le géant fut finalement terrassé et de ses restes on
créea deux douzaines de compagnies indépendantes se faisant concurrence. Le premier
grand monopole industriel avait vécu, et sur ses restes encore chaud s'ouvrait un siècle
de lutte contre les trusts, les oligopoles et les monopoles, si puissants et si étrangers
au rêve américain.
Si les méthodes commerciales de Rockfeller choquent peut-être certains aujourd'hui,
il faut se rappeler qu'elles faisaient partie du siècle et du continent. On peut rappeler
aux âmes tendres que ce récit scandalisera que les musées, les universités, les
bourses, les fondations qui aujourd'hui vivent d'une richesse dont la source est
aujourd'hui oubliée, doivent leur existence à ces même barons, les Frick, Astor,
Vanderbilt, Carnegie, Hearst ou Rockfeller qui conduisaient leurs affaires sans égards
pour personne, évincant les faibles et tordant le bras aux puissants, menant souvent leur
commerce à main armée. Qu'on pense aussi que les lois qui aujourd'hui régissent le
commerce et les marchés financiers ont été bien souvent créees suite à des actes
(aujourd'hui illégaux) qui conduisirent ces hommes à la fortune et que la postérité à
oublié, éblouie qu'elle est par les palais et l'images de philanthropes qu'ils ont eu le
soin de laisser derrière eux.