5.1 Anarchie des premiers forages
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La ferme de John Benninghoff à Oil Creek, Pennsylvanie montre
l'anarchie du forage vers 1861 |
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Avant que Mr Rockfeller ne saisisse la totalité de cette industrie dans
sa main de fer, les prix du pétrole fluctuaient puissamment. Ils s'élevaient ou
tombaient brusquement, suivant que le marché était submergé par une offre excédentaire
ou au contraire affamé par une production insuffisante. En 1859 par exemple le baril de
brut se vendait $20 et deux ans plus tard, il ne valait plus que 52 cents... Des
spéculateurs achetaient de grosses quantité de brut après qu'un puit particulièrement
généreux (un wildcat) ait fait chuter les prix (knocked the bottom out of the
market, dans l'anglais fleuri des pétroliers), et ils le stockaient dans des
réservoirs en attendant que les prix remontent. Investir de l'argent dans un commerce
pareil demandait une audace de joueur, ce qui ne semblait pas manquer aux hommes de cette
époque.
5.2 La vision de Rockfeller
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<<We reached the conclusion that
there were three great divisions in the petroleum business - the production, the carriage
of it and the preparation of it for market. If any one party controlled absolutely any one
of those three divisions, it practically would have a very fair show of controlling the
others.>>
Le colonel Potts en 1888 |
Dans une première phase, Rockfeller s'entacha à conquérir la majeure partie
des raffineries. Il ne s'arrêta pas à une concentration horizontale presque
parfaite du raffinage, et changea son cap. Se rendant compte qu'en s'assurant le contrôle
du processus de raffinage, il devenait maître de toute l'industrie pétrolière, il
travailla désormais à la concentration verticale de l'industrie, englobant toutes
les phases de la production, de l'extraction au commerce de détail en passant par le
transport, la fabrication de barils puis la recherche scientifique et le marketing. Cet
ambitieux projet, au vu de la résistance des producteurs farouchement indépendants et de
la grande diversité des opérations, aboutit au-delà de toute espérance. A son sommet,
la Standard Oil possédait en effet toutes les infrastructures nécessaire à la
fabrication du pétrole raffiné, pipe-lines, voitures, pétroliers, raffineries,
magasins. Les quelques chaînons qui n'en faisaient pas partie étaient dans une situation
de monopsone presque parfait, avec l'inflexible Standard Oil comme seul acheteur. |